Pour venger A.D.G.

1947-2004

Chroniques signées A.D.G.



Publiées à l'origine par "Le Libre Journal" entre 1993 et 1995 sous le titre « Et c’est ainsi… », ces deux chroniques figurent dans Papiers Gommés, publié en 2008 aux Editions Le Dilettante (www.ledilettante.com)



Des chiffres et des êtres

Antiquité de l’homme de gauche - Avortement et démocratie -

Les entrailles de Fabius - Grandeur consécutive de Balla.

Au commencement était le verbeux. C’était un homme pensif et sagace, aux lorgnons d’acier et aux reins fragiles, qui contemplait le monde avec une certaine réserve tout en estimant qu’il remontait à la plus haute antiquité, comme le vistamboir et le maillochon. A quel moment exactement devint-il de gauche, c’est ce que l’entomologiste le plus doué ne peut déterminer avec certitude. Vraisemblablement un jour d’orage ou de lombalgie qu’il ne put soigner avec une application d’entrailles de chien jaune du Mexique, remède souverain pour tout ce qui est rhumatismal.

L’homme de droite est plein d’incertitudes arrogantes alors que l’homme de gauche n’est fait que de certitudes bègues, c’est ce qu’on nous enseigne en latin, à la Sorbonne. Pourtant, l’homme de gauche réalisa des choses merveilleuses, je cite en vrac : la bonté native des indigènes de l’île Ouen, les congés payés, l’affaire de Carpentras, les années-lumière du savant professeur Jack Lang, le Développement du Carrefour et inversement, la fable du loup coupable et de l’agneau responsable, les colonnes infernales et celles de Buren, la guerre civile, le Rainbow Warrior, l’avortement, le régicide, le ridicule, l’eau tiède, Edith Cresson, le cabinet des illusions, la démocratie, le sang contaminé.

Malgré ces belles découvertes, l’homme de gauche est actuellement en perte de vitesse ; il ne fait plus prime sur le marché de l’occasion et on a beau chercher, on ne le voit plus guère que dans les émissions d’Anne Sinclair qui a des obligations mondaines. A l’Assemblée nationale même, il est en minorité bien qu’en face de lui, il n’y ait guère qu’arrogance, l’oripeau plus les oripeaux.

M. Rocard qui a perdu ses lorgnons d’acier mais gardé un dos fragile (faute d’avoir confondu les entrailles de Fabius avec celle d’un chien jaune) est désormais le chef de cette cohorte bourbakienne qui erre dans les steppes glacées de la Chambre des Députés en rongeant leur frein et des os verdâtres de tyrannosaures disparus. C’est pitié. Je suis récemment allé à Conflans-Sainte Honorine visiter le musée des Bateleurs, à moins qu’il ne s’agisse de celui de la Batellerie. Une bien pittoresque excursion au milieu des toueurs à gages et des voies d’eau qui m’a fait comprendre pourquoi M. Rocard ne serait pas élu : il n’a pas une constitution à aller manger des gardons frits dans une guinguette en chantonnant "R’gardez-moi ça si c’est chouette".

Maintenant, j’ai à vous communiquer des chiffres alarmants qui ne viennent pas de moi qui fus toujours interdit de cours de mathématiques, mais de l’érudit Marcel Pétron Bazillyère qui est peintre à Carcès (Var) après l’avoir été à Nouméa (Nouvelle-Calédonie). Ce qu’il me transmet est effrayant, bien plus que les six millions de chômeurs, d’immigrés ou de ce que vous voulez, quoique rassurant pour ce qui concerne la dénatalité.

NOUS SERIONS EN FRANCE TROIS MILLIARDS D’HABITANTS !

Je le répète sans crier : nous serions en France trois milliards d’habitants...

Comment en est-il arrivé là ? A partir du score du Front national qui, avec trois millions de voix n’a pas obtenu un seul député alors que le Parti communiste a 23 sièges, donc, 23 fois trois millions et demi, soit 80 millions et demi d’électeurs. Le reste suit, l’UPF avec ses 480 sièges aurait vu voter pour elle la bagatelle d’un milliard six cent quatre-vingt millions de quidams et quidamesses, bref, en tenant compte des abstentions, on arrive presque au chiffre de trois milliards d’habitants.

Je me demande comment M. Balladur va arriver à nourrir toutes ces pauvres bouches, à moins que Mme Simone Veil ne s’occupe un peu vivement d’avortements et M. Kouchner – qui n’est plus au gouvernement mais qui mériterait d’y être – n’y aille de sa contribution rizicole.

Mais je m’aperçois que l’heure tourne à raison de soixante secondes par minute et que vous avez peut-être une daube sur le feu. Je serais confus de vous la faire trop réduire, d’autant que ni les chiffres ni la politique ne nourrissent leur homme, alors pensez, trois milliards !

Et c’est pourquoi, nonobstant les pessimistes, Balla est grand.



Coin Jeunes



[Il y a quelques années, un quotidien avait eu l’idée de faire une rubrique dite « jeunes » pour séduire des lecteurs de 8 à 12 ans, dans sa livraison du mercredi. Le ton en était un peu daté et le côté assez désuet de ces articles de « bricolage » enfantin n’avait pas échappé à l’œil averti de notre ami A.D.G., ndle.]

Tu te demandes certainement comment dépouiller un éléphant ? Eh bien,

Onc’A.D.G.-l’Éclair va te l’apprendre.

D’abord, il te faut choisir une bête qui vient juste de sortir de l’hibernation, ce sont les plus tendres. Après l’avoir estourbi d’une manchette preste, suspends-le au baobab le plus proche, par les pattes arrières, en prenant soin que les défenses ne racle pas le sol latéritique de la brousse (bush dans la langue d’Albion).

À l’aide d’un couteau à ongles, incise la peau de l’animal depuis ses parties sexuelles (demande à ton papa de t’expliquer) jusqu’à la naissance de la trompe et dépêche-toi de te carapater avant que la demi-tonne de viscères bouillantes ne te dégringole dessus. Réserve le cœur, le foie qui est rose et prouve que l’éléphant boit, voyant alors des petits hommes blancs, les rognons que tu pourras cuisiner à la sauce Pinder.

Commence alors la partie la plus difficile de l’opération : il faut soigneusement découper la peau autour du cou de l’animal (aide-toi, s’il le faut d’un maillochon), à l’emplacement de la cravate puis tirer d’un coup sec vers le haut. Normalement, tout doit venir d’un seul coup.

Décroche alors le pachyderme qui n’est d’ailleurs plus que pachy pour achever la besogne en désossant les pattes postérieures (demande à ton papa de t’expliquer).

Voilà, c’est terminé, tu as une belle peau d’éléphant retournée que tu talqueras et tanneras afin d’obtenir une jolie gandoura qui fera l’admiration de tous tes copains de classe et avec la peau de la trompe pareillement dépouillée, tu hériteras d’un original et chaud cache-nez.


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